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A force de faire davantage l’actualité par ses conférences de presse que par ses choix sportifs, Pascal Dupraz prenait l’immense risque de se brûler les ailes. Dans un football où même un coach comme Mourinho agace par ses sorties successives, penser qu’un technicien n’ayant ni le talent, ni le palmarès de son homologue portugais, pourrait passer à travers les mailles du filet était peine perdue.

Et par ses surenchères verbales au cours des dernières semaines, Coach Dupraz est enfin parvenu à ses fins : il s’est mis à dos une partie des supporters toulousains. Ces derniers n’ont en effet pas digéré les propos de leur entraineur, qui n’a pas hésité à déclarer qu’il n’y avait « pas de supporters à Toulouse », en marge du sinistre Toulouse-Bordeaux de Coupe de la Ligue.

Sur ce coup, Dupraz a été perdant sur les deux tableaux. Il a d’abord suscité une fronde au sein du peuple toulousain, ce dont il n’avait pas besoin en ces temps moroses sur le plan sportif. Les Indians Tolosa, réputés pour leur phrasé, n’ont pas manqué de lui répondre dans un communiqué clair en précisant que le ton « donneur de leçon » du savoyard commençait à leur taper sur le système. Le Capitole FC est, quant à lui, allé bien plus loin en parlant de divorce dans une réponse publiée sur les réseaux sociaux.

Au-delà de la seule critique acerbe, le propos de Dupraz est aussi un contre-sens absolu. Car son reproche adressé au public toulousain se situait davantage sur l’absence d’affluence que sur l’absence de ferveur. Et si on peut comprendre qu’un staff, qu’un joueur ou qu’un entraineur puisse aspirer à ce que les supporters jouent leur rôle, considérer que la valeur d’un public se calcule selon des indicateurs quantitatifs est en revanche une connerie.

Il suffit de se rendre à un match au Camp Nou ou dans un stade anglais en ce moment pour comprendre que le nombre ne fait ni la passion, ni l’intensité. Au contraire, lorsque plus personne ne croyait aux chances de maintien de Toulouse il y a encore peu, les supporters ont été les rares forces à accompagner Dupraz dans sa folle course au maintien. Cette dernière fait toujours objet de talisman autour de son cou. Mais à ne jamais se remettre en question et à chercher en permanente le « tiers fautif », l’immunité de Dupraz se réduit jusqu’au moment où le football reprendra ses droits et où l’appréciation du travail actuel l’empêchera de se reposer sur ses seuls lauriers.

(c) Photo à la Une : Philippe Desmazes/AFP