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Cette semaine, on revient sur le match de la France face à l’Albanie, et à ce nouveau système testé par Didier Deschamps.

La défense à 3, une nouvelle option

Est-ce la victoire terne face à la Moldavie, dernière et plus mauvaise défense du groupe, qui l’a poussé à tester quelque chose de nouveau? Est-ce une volonté de mettre dans les meilleures conditions possibles des joueurs en manque de confiance, parmi lesquels un Griezmann dont on connaît l’importance en équipe de France? Ou est-ce simplement pour confirmer un système travaillé à l’entraînement, mais jamais essayé en match officiel? C’est sans doute un peu tout ça qui a initié cette décision de Deschamps de mettre un 3-5-2 en place, pour la première fois depuis son mandat de 100 matches, débuté en 2012.

Parmi les points positifs, le plus fort visuellement était évidemment le positionnement libre et axial de Griezmann. Le numéro 7 avait un rôle de numéro 10, au four et au moulin, et s’est régalé dans ce qu’il sait faire de mieux : gros volume de jeu, répétition des efforts, relais inspirés partout sur le terrain, liberté de mouvements pour attaquer un espace où il aura du temps pour agir (souvent en allant dans le demi-espace, pour combiner avec son latéral), et passes magnifiques qui auraient mérité un meilleur sort. C’est bien lui qui envoie des galettes pour Giroud, qui perd son duel face au gardien adverse, et voit le poteau le contrarier sur la seconde opportunité. C’est aussi lui qui met le but du break, non sans avoir fait parler sa précision sur coup franc, pour l’ouverture du score de Tolisso. Entre intelligence de jeu, de déplacements, et de passes, on a retrouvé le Griezmann qu’on aime… et qui est LE joueur que Deschamps aurait le plus de mal à remplacer en cas d’absence.

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Parmi les axes d’amélioration, il faut que les 3 de derrière soient au taquet pour couvrir en cas de perte de balle d’un piston. Kimpembe l’a bien fait, mais pourra-t-il faire aussi bien face à un ailier qui sait bien déborder? Il faut également que les pistons soient en forme, car ils portent à eux seuls le danger sur le couloir. Dubois a réussi à le faire, Mendy beaucoup moins. C’est passé face à l’Albanie, mais cela rendait l’équipe dangereuse uniquement sur un côté, ce qui pourrait être pénalisant face à une meilleure formation. Dernier point : les 2 attaquants doivent combiner, ce que n’ont pas réussi à faire Giroud et Ben Yedder.

Des gagnants et des perdants

Parmi les gagnants du soir, on peut parler de Tolisso et Dubois. Le premier, assez imprécis face à la Moldavie, a retrouvé la qualité de son jeu long, notamment pour écarter, chose indispensable dans un tel système. Plus en confiance, Tolisso a mieux orienté le jeu, prenant un peu plus de risques dans les passes que lors du match précédent. Cerise sur le gâteau, il marque même son premier but en sélection, sans que cela ne soit vraiment grâce à ce système, puisqu’il a marqué sur phase arrêtée. Le second, qui a vu un Pavard très actif face à la Moldavie alors qu’il était resté sur le banc, a signé une belle passe décisive, et surtout une belle complicité avec Griezmann, venu créer un surnombre sur son côté. Sans être génial, Dubois a été motivé, incisif dans ses courses, et c’est déjà pas mal.

Au niveau défensif, jouer à 3 derrière permet à Kimpembe de sortir avec agressivité sur un joueur qui passe son latéral (un Mendy à la ramasse sur ce match), sans se soucier de ce qui se passe dans son dos, soit un point faible souvent gommé en club par Thiago Silva. On peut parler de situation avantageuse pour le Parisien, qui peut faire parler ses qualités, sans que ses lacunes ne soient pénalisantes. Un autre joueur pourrait bénéficier de ce système pour briller dans son registre, sans qu’on ne voit ses limites : Sissoko. Il pourrait être tenté en piston droit, car il a toutes les qualités intrinsèques pour le faire, mais on reste dans du football fiction, bien que Pocchetino l’ait déjà essayé avec parcimonie.

Mendy avait une belle opportunité de briller, dans un système taillé pour ses qualités, mais il semblait manquer de jus. On lui conseille de se ressaisir au plus vite, puisqu’on peut partir du principe que Hernandez est indiscutable dans les 23, et que Digne a été correct sur cette trêve internationale, obtenant même le penalty de la gagne face à la Moldavie. Le Citizen n’a pas marqué de points, tout comme Ben Yedder. Le Monégasque, pourtant habitué à jouer à 2 devant avec Monaco et Slimani, n’a pas réussi à se créer la moindre occasion franche. Lui aussi pourrait être en danger, puisque la concurrence existe (Martial, Lacazette, Pléa, Dembélé voire Thuram). A priori, Deschamps le tient en haute estime, ce faux-pas ne lui sera sans doute pas fatal, mais attention.

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Pour conclure, ce système a des avantages, et quelques inconvénients (moins nombreux), mais surtout trop d’incertitudes pour devenir si vite le système préférentiel de Deschamps. Il y a plus de chances de le revoir en cours de match, comme une réponse tactique à un adversaire regroupé et inférieur. Au moins, on ne peut pas reprocher au sélectionneur aux 100 matchs dirigés de ne pas chercher à toujours s’améliorer. Souvent critiqué, Deschamps termine ces éliminatoires avec 8 victoires, 1 match nul et 1 défaite pour 25 buts inscrits et 6 buts encaissés. Pas mal du tout.