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L’entraîneur du Paris Saint-Germain Unai Emery est un de ces coachs à la mode dans le monde du football, avec Diego Simeone. Il incarne cette nouvelle génération d’entraîneurs avec un style particulier, mélangeant la passion du football, la rigueur tactique et la folie.

Lors de ses années à Séville, son palmarès impressionne (3 Coupes d’Europe avec le FC Séville), et pourtant sa nomination à Paris a suscité beaucoup de débats : serait-il à la hauteur du club de la capitale française ? La « Emerymania » surfe sans cesse avec le « Emery bashing » ; ce qui est certain, c’est que le Basque ne laisse pas indifférent.

Sa liberté de ton, les histoires particulières qu’il raconte (ses beuveries dans les bus après les matchs, par exemple), font d’Emery un entraîneur à part. Un homme et un entraîneur fascinants, racontés pour la première fois, avec son accord, par tous ceux qui l’ont côtoyé, de son enfance jusqu’au PSG, en passant par Valence, Moscou et Séville : son frère Igor, son premier entraîneur, ses amis d’enfance, son mentor, son adjoint, des joueurs qu’il a eus sous ses ordres comme Adil Rami et Juan Mata, ou Monchi le « meilleur directeur sportif du monde »… Un portrait sincère et passionnant réalisé par Romain Molina à qui nous avons eu la chance de poser quelques questions sur son livre. Retour sur le témoignage d’un passionné ! 


Comment t’es venue l’idée de cette biographie ?
Romain Molina : C’est mon éditeur, Bertrand Pirel, qui m’a soumis l’idée fin juillet ou début août, j’ai un doute. Son idée était de poursuivre une sorte de « collection » entamée par Thomas Goubin à travers un ouvrage sur Bielsa où il a recoupé un peu tout ce qui dessinait un portrait de l’entraîneur argentin.
J’avoue que je ne voulais pas prendre une biographie au début. J’avais peur de tourner en rond, de me répéter… C’est vraiment un exercice que je craignais. Finalement, j’ai vu que je pouvais avoir de la matière avec mes contacts et je me suis mis en quête de faire une œuvre totalement exclusive. J’ai eu la chance que mon éditeur soit d’accord car j’ai rendu avec quatre semaines de retard, plus de pages et un concept un peu différent de l’idée de base.

Comment on se met en quête du 1er espagnol à avoir joué en Chine ?
R.M : Quand on est à moitié fou, ce qui est mon cas ! Andrés Olivas est effectivement le premier Espagnol à avoir joué en Chine, avant même les années 2000. C’est un Andalou, de Jaen si je ne dis pas de bêtises, qui habite désormais à Valencia ; je suspecte même que sa famille soit valencienne et qu’il soit simplement né en Andalousie pour x raison.
Bref, je bosse depuis quelques temps autour du football chinois, donc c’est le genre de témoins qui peuvent réellement apporter un plus contenu. J’ai à peu près retrouvé sa trace, mais pas encore son contact direct. Aux dernières nouvelles, il bossait comme chauffeur et garde un souvenir presque chimérique de son aventure chinoise.

Passionné, stressé, patte gauche et râleur.

Unai Emery a-t-il eu l’occasion de lire ton livre ?
R.M : Il ne l’a pas lu avant publication et je ne sais pas s’il a le temps avec l’enchaînement des matchs ; ou la volonté, ce n’est peut-être pas aisé de lire un bouquin qui parle de soi. Qui sait, il attend peut-être une version traduite en espagnol, ce serait plus simple pour lui aussi (et son entourage).

On connait peu la carrière d’Emery comme entraineur, si tu devais la résumer en quelques mots ce serait ?
R.M : Passionné, stressé, patte gauche et râleur. Très bon organisateur de barbecues et fin connaisseur des meilleurs bodegas des villes où il jouait aussi !

Quelle est la “meilleure critique” dans le livre sur Emery qui pourra le faire progresser au PSG ?
R.M : De comprendre que les joueurs ne sont pas forcément aussi dingues de foot que lui. Même si ça doit lui faire mal parfois de parler à un joueur, et que son propos rentre dans l’oreille gauche pour sortir dans la droite deux secondes plus tard, je pense qu’il a désormais mieux emmagasiné cette notion et adapté sa gestion humaine qu’il y a quelques années.

Quel joueur pourrait donner le plus de critique sur Emery ?
R.M : Publiquement, personne ne viendra fracasser Emery aujourd’hui. D’une, il est entraîneur du PSG. Segundo, à moins de vouloir faire parler ou de vider un sac bien lourd, qui va démonter quelqu’un ? Tercio, ce n’est pas un joueur, mais ce serait sans doute Valeri Karpin. Sinon en joueur…. Peut-être Tino Costa avec qui il y a eu des insultes, Emery explique l’épisode dans le livre d’ailleurs. Il donne aussi deux joueurs dans ses années à Lorca avec qui ça s’est mal passé. Globalement, c’est quand même quelqu’un ayant laissé de bons souvenirs au niveau de sa personne ; rien qu’à voir l’envie que les joueurs que j’ai contactés avaient pour répondre, même ceux ayant été mis sur le banc par Emery comme Francisco d’Almeria ou Juan Cala de Séville.
Après, pas mal de joueurs russes du Spartak, même si certains ont avoué qu’ils avaient jugé un peu vite Emery. Mais je ne parle pas russe et étant tout seul pour faire ce livre (sans aide de rédaction ou autre), je n’avais aucun contact. On a bien essayé avec quelques connaissances, mais rien à faire. J’ai donc été obligé de citer Dyzuba dans une interview à la branche russe d’Eurosport, qui critique Unai. Petite remarque néanmoins : on voit ce que l’un a réalisé après leur aventure commune au Spartak et on voit ce que l’autre n’a pas réalisé, notamment à l’Euro où il a été cataclysmique avec la Russie.

La D3 écossaise, c’est quelque chose qui me touche bien plus que la Ligue des Champions. Je dois être un peu con, beaucoup même, mais c’est vrai.
Romain Molina

Enfin question que tous les supporters parisiens se posent, Emery va-t-il ramener la LDC au PSG ?
R.M : Ce serait cool pour les ventes du livre en tout cas ! Vu les difficultés pour un auteur de vivre de son activité – il y a un tas de fantasmes autour du métier d’auteur/écrivain, ce serait bien un jour que chacun soit transparent pour comprendre la réalité ; je dis ça car j’en ai marre de tous les pique-assiettes réclamant des bouquins ou des cadeaux comme si ça leur écorchait la gueule de donner 13 euros 50 -, je signe direct pour une LDC remportée par Emery avec Paris ! Plus sérieusement, aucune idée et je m’en fiche un peu. L’important, c’est de revoir Queen’s Park FC en D3 écossaise et sans doute d’obtenir un bon maintien. La D3 écossaise, surtout un mardi soir sur le terrain entouré d’une haie de Brechin City, c’est quelque chose qui me touche bien plus que la Ligue des Champions. Je dois être un peu con, beaucoup même, mais c’est vrai. Donc bonne chance au PSG, mais « allez les Hoops ! » (The Glorious Hoops suis-je tenté d’ajouter).

Un grand MERCI à Romain pour sa disponibilité et sa passion