AvideceWopyBalab

Le mois de décembre arrive enfin et il est temps pour nous de vous gâter en vous laissant ouvrir les cases de notre calendrier PKFoot. A chaque date, un nouveau souvenir, un retour en arrière sur la dernière décennie.

Affiche de gala

Nous sommes en 2012. Les jeans taille basse font fureur, Sexion d’assaut atteint son apogée, Jean-François Coppé est décrit comme l’homme providentiel de la droite française. Côté football, Chelsea affronte le Bayern Munich en finale de la Ligue des champions. Les Blues viennent d’éliminer le Barça de Guardiola et vivent leur deuxième finale de C1 en quatre ans. Mais, chose très rare à ce stade, les Bavarois ont l’avantage de jouer à domicile devant des supporters survoltés par les exploits des tours précédents (pas la demie XXL face au Real, non, je parlais bien sûr de leur qualification invraisemblable contre l’OM de Lionel-Diego-controledudo Brandão, vous suivez le foot un peu ?).

Chelsea joue sans son capitaine John Terry, suspendu, mais peut compter sur des éléments confirmés : David Luiz, Frank Lampard ou encore Didier Drogba ont été des acteurs majeurs de la campagne européenne. Au Bayern, toute une génération de joueurs est au sommet de son art, avec la doublette Schweinsteiger – Toni Kroos au milieu et les flèches Robben et Ribéry sur les ailes.

Calendrier de l'Avent #19 : Le plus gros hold-up de l'histoire de la C1 ?

All star game. ©tudn

Une opposition de styles

La première mi-temps est à l’avantage des locaux, qui sont tout près d’ouvrir le score. Petr Cetch repousse sur la barre une frappe de Robben (21e), et il s’en faut d’un rien pour que Muller n’ouvre le score (36e). C’est donc un petit miracle si les deux équipes se rejoignent aux vestiaires sur un 0-0.

La stratégie anglaise ne change guère après la pause : laisser le ballon aux hommes de Jupp Heynckes et procéder en contre grâce à des transitions ultra-rapides. Comme face au Barça en demie, Di Matteo s’improvise conducteur de bus, et ça marche… jusqu’à la 83ème minute, lorsque Thomas Müller place une tête piquée qui rebondit sur la barre avant de franchir la ligne. Le Bayern Munich est tout près de soulever la quatrième Ligue des Champions de son Histoire.

Alors, cinq minutes plus tard, il est presque amusant de voir Jérôme Boateng se jeter pour éviter un corner de Chelsea, le premier de la partie. La suite appartient à l’Histoire. Sur un centre tiré premier poteau par Juan Mata, Drogba prend son élan, s’élève plus haut que tout le monde et vient smasher une tête rageuse que Manuel Neuer ne peut qu’effleurer.

Calendrier de l'Avent #19 : Le plus gros hold-up de l'histoire de la C1 ?

L’international ivoirien vient de climatiser l’Allianz Arena. © The daily telegraph

Et à la fin, c’est l’Allemagne qui gagne ?

Lors des prolongations, toujours le même scénario de domination stérile. Les vagues rouges déferlent sur une défense dépassée et, à la 95e minute, le même Drogba déséquilibre Robben dans la surface de séparation. Arjen Robben se présente face à Petr Cech, et voit sa tentative captée par l’homme au casque. Il rejoint ainsi la longue lignée des penaltys qui auraient pu changer l’histoire, après Trezeguet 2006, Gyan 2010 ou Messi 2012… mais ça, il ne le sait pas encore.

Calendrier de l'Avent #19 : Le plus gros hold-up de l'histoire de la C1 ?

Une histoire de penaltys… ©zimbio.com /getty images

Un nouveau coup dur survient ensuite pour les Allemands avec la blessure de Frank Ribéry, remplacé par Ivica Olić, tout près d’ouvrir le score sur un centre-tir qui file finalement en sortie de but (108e). Il y a quelque chose de prophétique dans ce match, comme s’il pouvait durer des heures sans que le score n’évolue. Dans la nuit de Munich, les deux équipes se dirigent logiquement vers la terrible séance de tirs aux buts. Tandis que les 22 s’étreignent en ligne dans le rond central, il faut imaginer les 2 millions de fans des de chaque équipe se lever de leur canapé ou du tabouret de pub pour vivre ensemble ce moment difficile (rien à voir avec l’alcool, entendons-nous bien).

Philipp Lahm, en capitaine courage, s’élance le premier et transforme. Juan Mata n’a pas cette chance face à un Neuer vigilant sur sa ligne. Mini-break, uno, schmilblick, appelez ça comme vous voulez : le Bayern a l’avantage. Dans la tête des visiteurs, on pense forcément à Moscou, 4 ans plus tôt, quand une glissade de John Terry avait mis fin aux espoirs de sacre européen contre Manchester United. Ca n’a pas l’air d’inquiéter David Luiz, qui répond à Mario Gomez par une praline en lucarne. Puis Neuer (un gardien placé 3ème tireur, tout est normal) et Lampard réussissent tous deux leurs tentatives. Au tour d’Olic, lequel bute sur un Petr Cech en état de grâce. La pression monte d’un cran quand Ashley Cole égalise à 3-3 et que Schweinsteiger se présente face au gardien tchèque. La course d’élan est hésitante, le tir beaucoup moins ; Cech semble battu. Sauf que le ballon s’écrase sur le poteau droit et sort du cadre. Je vous laisse deviner qui est le dernier tireur de Chelsea…

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Instant d’éternité. ©Goal.com

« Nul vainqueur ne croit au hasard », disait Nietzsche (le philosophe prussien aurait sûrement été pour le Bayern, mais ça c’est une autre histoire). Didier Drogba l’a parfaitement compris, et c’est avec un sang-froid redoutable qu’il envoie les Blues au septième ciel. S’en suit cette course absurde, presque irréelle, juste devant les pauvres supporters bavarois. L’histoire est belle pour le natif d’Abidjan, qui, après l’avoir porté sur le toit de l’Europe, jouait son dernier match pour le club londonien (Drogba fera son retour pour une saison en 2014). Il symbolise aussi une équipe qu’on croyait maudite après les échecs de 2009 et 2011 ( « It’s a disgrace… It’s a fu**ing disgrace ! »), et qui, avec un coach quasi novice nommé en cours de saison, est revenue de l’enfer face à Naples (défaite 1-3 à San Paolo, 4-1 au retour) et Barcelone (2-2 au Camp Nou grâce à un certain Fernando Torres). Voilà, peut-être, le véritable exploit de Chelsea.

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Il faudra quand même apprendre aux joueurs de Chelsea comment soulever un trophée. ©CNN

Alors certes, les millions investis par le propriétaire Roman Abramovitch n’ont rien de romantique. Les puristes du ballon rond pointeront du doigt la tactique très frileuse proposée par Di Matteo, soit. Et bien sûr que le Bayern aurait mérité mieux *(ceci dit, on voit mal Lahm et Lampard soulever chacun une oreille de la coupe tels Becque et Landreau en leur temps). Mais, à une époque où les finales de C1 sont souvent submergées par l’enjeu, la dramaturgie du moment, le come-back impensable réalisé par les Anglais dans un contexte si hostile font de ce 19 mai 2012 l’un des matchs les plus marquants de la décennie. En espérant que le 8ème de finale 2019 entre ces deux équipes nous laisse autant de beaux souvenirs…

 

*Le Bayern prendra sa revanche un an plus tard en remportant la C1 aux dépens de Dortmund sur un but de Robben.