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Le mois de décembre arrive enfin et il est temps pour nous de vous gâter en vous laissant ouvrir les cases de notre calendrier PKFoot. A chaque date, un nouveau souvenir, un retour en arrière sur la dernière décennie.

Racheté à l’été 2011, le Paris Saint-Germain disposait, dès sa première saison sous le pavillon qatari, de solides arguments pour aller chercher le titre de champion de France. Pourtant, malgré un recrutement clinquant – pour l’époque, le PSG va subir la loi et la domination d’un rival inattendu. Treizième budget de l’élite, le Montpellier Hérault va s’offrir un sacre inédit. Le plus grand aboutissement du président, aujourd’hui disparu, « Loulou » Nicollin.

Calendrier de l’Avent #20 : Montpellier 2012, chronique d’un règne avorté

La fête au village. JEFF PACHOUD/ AFP / GettyImages

Une saison historique

La saison 2011-2012 du MHSC a tout de la saison rêvée. S’il n’a pas les moyens financiers des mastodontes du championnat comme les deux Olympiques, le LOSC et surtout le PSG, le club de Loulou Nicollin a des idées. Et de la ressource.

Sur le marché des transferts estival, la Paillade ne fait pourtant pas de folie et cherche surtout à se renforcer intelligemment, tout en faisant confiance à ses jeunes. Pour combler départ d’Emir Spahic – aussi bien talentueux qu’ingérable, les Héraultais vont se tourner vers Vitorino Hilton, champion de France avec l’Olympique de Marseille en 2010. Henri Bedimo, le latéral du RC Lens vient également renforcer l’arrière-garde héraultaise. Rémy Cabella fait son retour, lui qui avait passé la saison du côté d’Arles-Avignon pour gratter du temps de jeu. Pour le reste, c’est le calme plat. Un mercato somme toute classique, en totale opposition à la centaine de millions dépensés par le nouveau PSG.

Alors qu’on promettait l’enfer aux Montpelliérains pour l’ouverture de la saison avec des oppositions contre trois clubs qualifiés en Coupes d’Europe, les hommes de René Girard vont pourtant tromper tout le monde en empochant neuf points sur douze possibles. Malgré un mois de septembre compliqué marqué par le show Pastore à la Mosson, le MHSC est dans le coup. Quatrième après sa défaite contre le PSG fin septembre 2011, Montpellier ne va plus ensuite quitter les deux premières places de la saison.

La bascule opère face à Saint-Etienne, lors de la vingt-neuvième journée. La Paillade domine l’ASSE et s’empare de la première place. Pour ne plus la lâcher. Petit à petit, les coéquipiers d’Olivier Giroud, meilleur buteur de Ligue 1 cette saison, vont creuser l’écart sur leurs poursuivants. Mais, le PSG n’est jamais très loin…

626 km pour un épilogue (presque) incertain… et rocambolesque

Si les Montpelliérains s’imposent face au champion sortant lors de la 37e journée, ils ne sont cependant toujours pas assurés de leur premier titre de champion de France. Mathématiquement, le PSG est toujours en course. Le sort de l’Hexagoal se joue donc entre Auxerre et Lorient.

Déjà reléguée après trente-deux ans dans l’élite, l’AJA, auteure d’une saison catastrophique, reçoit un MHSC, mort de faim et conquérant. A 626 kilomètres de l’Abbé-Deschamps, le FC Lorient de Christian Gourcuff joue sa place en Ligue 1 en recevant le PSG.

Outre la distance, c’est surtout la temporalité des deux rencontres qui va « ensorceler » la soirée. Marqués par des incidents dans les tribunes, les deux matchs sont le théâtre de scènes inédites. A Lorient, une poignée d’IDS parisiens, présents en Tribune Nord du Moustoir, fait interrompre la rencontre pendant quelques minutes. Alors que Lorient joue sa survie, le public breton va entonner des chants de soutiens pour le MHSC. Ainsi, des « Montpellier ! Montpellier ! Montpellier ! » descendent des travées du Moustoir pour accompagner l’évacuation des supporters du PSG.

En Bourgogne, les supporters de l’AJA multiplient les actions coup de poing pour protester contre la saison catastrophique qu’ils viennent de vivre. Grève des chants, fumigènes, « Bourgoin démission », balles de tennis, la salade est complète et la match est arrêté pendant de longues minutes. Ambiance très particulière pour les joueurs qui ne reprennent le jeu qu’à 23h07, plus d’une heure après la fin du match entre le FCL et le PSG.

Calendrier de l’Avent #20 : Montpellier 2012, chronique d’un règne avorté

Le long chemin de croix des Auxerrois. JEFF PACHOUD/ AFP / GettyImages

A égalité avant de reprendre le match, les Montpelliérains vont tout donner dans les vingt dernières minutes. Et la récompense tombe avec une splendide reprise de John Utaka à un quart d’heure de la fin. Ça sent bon. 23h28, Montpellier est officiellement aux anges après une soirée épique. La consécration du parcours exceptionnel des Montpelliérains et de leur mage, René Girard.

La « machine-PSG » en rodage

Chronique d’un règne avorté, tel est le titre de cette case du Calendrier. Et cette saison 2011-2012 n’a fait que conforter cette idée. Ultra favoris du championnat avec les recrutements de Javier Pastore, Blaise Matuidi, Salvatore Sirigu ou encore Jérémy Menez à l’été 2011, renforcés à l’hiver avec les arrivées de Carlo Ancelotti,  Thiago Motta, Alex et Maxwell, le PSG a subi la machine de René Girard. Alors que tout le monde voyait les Parisiens survoler le championnat, les coéquipiers de Younès Belhanda ont su déjouer tous les pronostics en tenant tête à un PSG parfois irrégulier, peut-être pas encore prêt à prendre le trône avec maîtrise et puissance.

Calendrier de l’Avent #20 : Montpellier 2012, chronique d’un règne avorté

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Un après leur arrivée, les investisseurs qataris ont néanmoins pu poser de solides fondations pour le futur du club de la capitale. Avec Leonardo à la tête de sportif et la référence Carlo Ancelotti sur le banc, le PSG a pu se construire une base de luxe pour (re)lancer son projet après le sacre montpelliérain. Une fondation royale qui lui permet aujourd’hui de dominer outrageusement l’Hexagone, malgré l’exception monégasque 2016-2017.

Loulou, « la crête » et la consécration

Calendrier de l’Avent #20 : Montpellier 2012, chronique d’un règne avorté

Loulou, la crête et le sorcier. Et un petit trophée. AFP

Le héros, c’est lui. Président du MHSC depuis 1974, Loulou Nicollin s’est offert le plus beau succès de sa carrière de dirigeant sportif. Véritable trublion de la scène footballistique hexagonale, le président héraultais n’a jamais eu la langue dans sa poche y compris pendant la folle épopée montpelliéraine.

Et quoi de plus symbolique de son franc parler, de son bagout que la crête « à la Jérémy Menez » qu’il a arboré quelques heures après le sacre de ses joueurs. Loulou l’avait promis, Loulou l’a fait. Comme sa Paillade.