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Pour le plus grand nombre, pour ceux qui ne résument le foot qu’à des affaires extra-sportives, ou encore ceux qui ont une culture foot proche du niveau zéro, le football n’est et ne sera qu’un sport de bœufs décérébrés. Toutefois, la réalité est toute autre. Car comme toute chose, il existe un avant. Un avant qui est souvent mis de côté. Un avant qui n’est pas la réalité d’aujourd’hui.

Cet avant montrera sûrement aux ignorants que la littérature a aussi sa place dans notre milieu. Elle est au fondement de celui-ci. Dans un article qui sera aux antipodes des analyses de match fertiles qui inondent le web, le football intello va reprendre ses droits. Oui, le foot est aussi un sport d’intellos. Il l’est de deux manières. N’en déplaise à Michel, du côté de la tactique. Arrigo Sacchi n’était pas un « bourin », le Mister Carlo ne l’est pas, et Pochettino ne le sera jamais. Il l’est aussi du côté culturel. Le sujet reste encore flou, mais c’est volontaire. Quitte à prendre un sujet qui sort de la norme, autant garder le doute jusqu’au bout.

D’où peuvent donc venir les noms de club, peut-être même de votre club favori si vous aimez les destinations exotiques ? Les présidents ont-ils décidés du jour au lendemain, de choisir tel ou tel nom, ou alors est-ce un choix longuement réfléchi ? Réponse dans cet article sur les choix plus ou moins fantasques de noms de clubs d’hier et de demain, d’ici et de là-bas.

Domingo Sarmiento : un président qui aimait le football

sarmiento_domingo_3Si un littéraire devait être le symbole du naming de club, ce serait bien lui. Ancien président de la République d’Argentine, son nom apparaît sur neuf écussons de football ! Du petit club au plus grand, du Deportivo Sarmiento au Sarmiento Junin, son nom est un emblème et un business en Argentine.

L’exemple le plus parlant est le dernier cité, le Sarmiento Junin. Mais avant d’évoquer ce club et son prestige, parlons un peu de Domingo Sarmiento. Homme d’influence, fervent militant, il a marqué l’Argentine par son intelligence et son engagement politique (par exemple son combat contre les dictatures qu’il a mené tout au long de sa vie). Pas étonnant donc qu’il soit tant représenté dans le monde du foot. Sarmiento Junin. C’est peut-être la première fois que vous entendez ce nom. Mais en Argentine, Junin n’est pas une ville méconnue. Située à 236 km à l’ouest de la capitale Buenos Aires, elle serait même le lieu de résidence de la femme du président Juan Domingo Perón.

Le Sarmiento Junin, c’est quoi, c’est qui ? Aussi appelés Club Atletico Sarmiento, ils sont pensionnaires de Primera A (premier championnat argentin). Avec un palmarès assez banal (3 titres de champion en troisième division), un stade moyen (22 000 places), ils sont loin des mastodontes Boca et River, habitués des premières places chaque saison. Avant dernier du championnat, ce n’est pas du côté sportif, mais bien du côté culturel qu’ils laisseront une trace dans l’histoire. Un club qui a su faire appel au passé, pour honorer un homme qui a fondé un pays, une Argentine entière et albiceleste jusqu’au bout.

Les œuvres littéraires : un autre moyen de trouver un nom original à un club

Au delà du créateur, il y a la création, le chef d’œuvre. Et c’est bien cela que les clubs ont voulu mettre en valeur. Deux exemples de titres qui ont pris place au-dessus des écussons, pour le plaisir de milliers de supporters.

Heart_of_Midlothian_FC_logo.svgLe premier est le club de l’ombre par excellence en Écosse, celui, chaque année, tente de chahuter la concurrence avec des moyens limités. Heart of Midlothian, surnommé « Hearts », c’est LE club de la capitale, Edimburg. Il ne représente pas le glamour de la Liga, ni le bling-bling de la Premier League, mais l’amour et la combativité. Pour preuve, la relégation en D2, et le retour depuis 2015 en division 1, avec force et abnégation. Contrairement au club argentin de Sarmiento, « The Jambos » possèdent un palmarès glorieux. Cinq fois champions d’Écosse, et vainqueur au total de douze coupes nationales, ils ne sont pas une équipe lambda qui joue le ventre mou tous les ans, sans réelle ambition. Ils sont même troisièmes cette saison, derrière l’inamovible Celtic et l’outsider Aberdeen. Alors d’où provient ce nom, « Heart of Midlothian » ? Fondé en 1874, le club s’est approprié le titre du roman de Sir Walter Scott, poète et écrivain écossais. Comme un symbole à cet écrivain, il a donc repris le titre de ce roman, le plus subtil d’après la critique, et celui qui représentait le mieux l’âme de ce peuple.

Le deuxième livre est lui très connu des lycéens français. Il rappellera peut-être même de très mauvais souvenirs aux ex-bacheliers. « Germinal », voilà le titre qu’a décidé de reprendre le petit club argentin de Federal B. Et bien non, Germinal n’est donc pas qu’un livre irritant qui occupe les après-midi ennuyeuses, il est aussi un club (certes méconnu) qui fait vibrer un stade et une ville chaque week-end. Un bel hommage à Zola donc.

Le naming de stade, pas uniquement une affaire d’entreprises

Le Maracana, antre mythique du football circus. Toute la planète foot se rappelle de l’humiliation auriverde lors de la dernière coupe du monde. Le Maracana, antre de Flamengo, Fluminense ou autre Seleçao, n’est pas un stade ordinaire. Mario Filho, est l’homme qui a donné son nom au « théâtre des cauchemars ». Écrivain brésilien, il se transforme en journaliste sportif à la Thierry Rolland en 1926, métier dont il est un grand innovateur. Et c’est en 1964, deux ans après le deuxième sacre mondial brésilien, que le stade est renommé en son honneur « Estádio Jornalista Mário Filho ».

Et si on jouait, nous aussi ?

Et si nous aussi on donnait des noms de « littéraires » aux clubs. Et si nous aussi on prêtait aux grands clubs le nom de grands artistes français. Voici deux exemples d’artistes dont le nom aurait pu reposer au-dessus de l’entrée du stade, ou dans les vestiaires luxueux des deux équipes qataris que sont Paris et Barcelone.

Le Boris Vian Saint Germain : vous ne voyez certainement pas le rapport, mais il est bien présent. Boris Vian, grand auteur français du Xxe siècle, est à la littérature ce que Paris est à la ligue 1. Mais là n’est toujours pas le lien. Le lien, le voici : en 1954, il a écrit « Le déserteur », une chanson que l’on pourrait attribuer au PSG. Car oui, à partir des quarts, le PSG déserte. Depuis quatre ans, le PSG déserte sans trêve la ligue des champions, et le football de haut niveau.

Le Football Club Booba : si on devait attribuer un « auteur » au Fc Barcelone, ce ne serait pas Booba, certainement pas. Car ce club, a une histoire, des joueurs de talents, de classe mondiale, un public, un stade, une ville. Alors comment leur coller sur le front l’étiquette d’un rappeur qui enchaîne bonnes et moyennes performances ? Ce n’est pas au FC Barcelone en tant qu’institution que je la colle cette étiquette, mais bien au club en tant que version 2016. Et c’est une chanson en particulier que je rapproche du Barça actuel. Cette équipe, bourrée de stars suffisantes, n’est plus la même depuis quelques temps, elle est même redevenue une équipe banale, capable de sauter dès les quarts de LDC. Un peu comme Paris quoi. C’est donc la chanson « Comme les autres » qui m’a fait penser à ce groupe de starlettes. « Que Dieu me punisse d’être commes les autres ». Dieu, voilà donc peut-être la seule personne capable de redonner l’envie aux multi-millionaires.

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