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Après plusieurs années à profiter du football dans sa Seine-et-Marne natale, Bastien Héry arrive au PSG dès ses 13 ans. 7 ans plus tard, il quitte la France pour l’Angleterre. 8 ans après, il n’a jamais quitté les îles britanniques et joue actuellement pour le mastodonte nord-irlandais de Linfield. Nous avons tout au long de l’interview, retracé son parcours, discuté de l’actualité et de championnats malheureusement trop peu connus du grand public.

Pour nos lecteurs, peux-tu te présenter rapidement ?

Je m’appelle Bastien Héry, je suis né le 23 mars 1992 à Brou sur Chantereine (77) et j’ai grandi à Torcy (77). A 13 ans, je suis parti au PSG et c’est là où j’ai commencé ma pré-formation. J’ai ensuite évolué dans plusieurs clubs mais je pense qu’on va en parler après (rires).

Pour commencer avec le PSG, peux -tu nous raconter ta formation au club entre ton évolution, l’équipe de France U18 et l’absence de contrat pro ?

Au départ, j’étais à Torcy, je jouais au football pour le plaisir. Après en U13 DH, ça commençait à être un peu plus sérieux et j’ai fait une bonne saison. Jusqu’à la fin de ma deuxième année en U13 DH, je jouais attaquant. Mais un jour, mon coach vient me voir en me disant qu’il n’avait pas de milieu de terrain à disposition et donc qu’il allait m’essayer à ce poste.  J’ai fait un match où j’ai marqué tous les buts et j’ai terminé en tant que milieu. A la fin de la saison, j’avais plusieurs clubs qui étaient intéressés et je suis parti au PSG.

J’ai fait une année de préformation au PSG en U14 fédéraux avec mon coach Cédric Cattenoy. C’était une belle saison, un bel apprentissage. J’ai ensuite rejoint le centre de formation. J’étais en U16 nationaux avec Jean-Luc Vasseur qui est aujourd’hui le coach des féminines de l’Olympique Lyonnais. J’ai fait 2 ans avec lui.

Après je suis passé en U19 avec David Bichkoura et sur ma dernière année de centre de formation, je m’entraînais en CFA mais j’étais toujours avec lui. Ensuite, lors de mes deux ans en tant que stagiaire, j’étais entre la CFA et les U19 et seulement en CFA pour la dernière année.

C’est donc à ce moment-là que tu n’as pas eu l’occasion de continuer en pro au PSG et que tu t’es dirigé vers l’Angleterre ?

Oui en fait lors de ma dernière saison, j’ai eu beaucoup de blessures et j’ai dû jouer seulement 10 matchs. Après ça, j’ai fait des essais pour rester en France mais c’était en National ou en CFA dans des clubs comme Beauvais ou Alfortville. Et mon objectif, à la fin de mon contrat stagiaire c’était vraiment de signer pro.

J’ai donc tout mis en stand-by pendant un moment pour profiter un peu. Puis, un agent que je connaissais m’a appelé pour savoir si je voulais jouer en Angleterre car Sheffield Wednesday cherchait des joueurs. Je suis parti dans la foulée. J’ai fait un essai là-bas qui s’est montré concluant mais je ne m’attendais pas vraiment à ça. L’agent me disait qu’ils aimaient mon profil alors que ce n’était pas totalement le cas puisque c’était un essai où il y avait, on va dire, 30 joueurs .

On est resté deux semaines et j’ai eu de la chance, ils m’ont signé. Donc j’ai signé pro là-bas et c’était quelque chose de bien. Qui ne veut pas aller jouer en Angleterre ? Signer pro c’était mon objectif mais après c’était une saison difficile vu que je m’entraînais pas avec les pros, je suis resté qu’avec les U23 mais bon j’ai appris l’anglais, j’ai découvert une nouvelle culture. Franchement c’était que du bénéf.

Surtout que le football en Angleterre c’est quelque chose !

Oui oui c’est quelque chose ! Il faut le vivre pour en parler. Moi je l’ai vécu et franchement c’était des souvenirs incroyables.

Et avec tous les clubs que tu as pu faire en Angleterre avec lesquels tu gardes les meilleurs souvenirs ? Comment tu parlerais de cette grand expérience au pays du football ?

Franchement dans chaque club il y a des bons souvenirs. Sheffield, ma première saison, je n’ai pas joué avec les pros mais j’ai appris l’anglais parce qu’avant de partir en Angleterre je ne le parlais pas du tout. La saison à Sheffield était vraiment une saison d’adaptation où j’ai pu apprendre la langue et une nouvelle culture. A la fin de la saison, ils m’ont dit qu’ils ne me gardaient pas et là un mec que je connaissais m’a amené à Rochdale. Là, c’était une belle aventure, mon premier contrat pro en jouant en professionnel, en équipe première.

Et c’est donc là que tout a commencé. On a eu une très belle saison, le coach m’a donné ma chance et on est monté en League One (D3). Pour ma première saison professionnelle, monter en League One c’était vraiment exceptionnel. Je me rappelle aussi quand on a été promus, mon père était là. Il est venu me voir jouer avec deux potes à moi, franchement c’était énorme.

Mais il y a pas de saisons où franchement c’était mieux que d’autres, il y a des souvenirs qui sont vraiment plus forts que d’autres comme par exemple le match que j’ai joué à Anfield, c’est inoubliable. Mais la montée avec Rochdale, ce sont des choses à vivre.

Ensuite tu t’es envolé pour l’Irlande, que connaissais-tu du championnat et du pays avant de venir ?

Franchement je ne vais pas te mentir, je ne connaissais rien du tout. En fait quand j’ai quitté Carlisle, après ma saison là-bas, je suis parti à Accrington où je n’ai joué qu’un seul match en 6 mois. C’était vraiment compliqué mentalement, je m’entraînais bien mais je n’entrais pas dans les plans du coach. En janvier il m’a dit qu’il ne me retiendrait pas donc on a trouvé un accord pour que je puisse partir. A ce moment-là, je voulais vraiment quitter l’Angleterre, j’ai eu un ras-le-bol.

Là, un agent que je connais depuis mes premiers jours en Angleterre, du côté de Sheffield, avec qui j’ai toujours été en contact, m’a dit qu’il y avait un club en D1 irlandaise qui était intéressé. Je pouvais y jouer les qualifications pour la Ligue des Champions ou l’Europa League donc j’étais ok. Je suis parti tout de suite et j’ai signé à Limerick mais je ne connaissais rien du tout du football irlandais.

Entre Limerick et Waterford tu as eu l’occasion de faire deux saisons pleines qui ont donné un nouvel élan à ta carrière ?

Franchement à Limerick, ça m’a redonné plaisir parce que six mois sans jouer à Accrington, j’en avais marre, c’était très compliqué. Honnêtement j’ai repris confiance en moi, on avait une bonne équipe, un bon état d’esprit, ça jouait au ballon, le coach me faisait confiance et j’ai vraiment repris goût au football cette saison. J’ai peut-être pas fait une saison complète mais pas loin. Après Limerick voulait me garder mais je voulais attendre un peu. Finalement, Waterford est venu et j’ai signé là-bas.

A Waterford, tu finis meilleur joueur de la saison et dans l’équipe type du championnat, pourquoi n’es-tu pas resté ?

Au début je n’avais signé qu’un an puis en juin, j’ai signé pour une année supplémentaire donc il me restait encore un an et demi de contrat. Et ce qu’il s’est passé, c’est qu’on s’était qualifié pour les barrages d’Europa League mais le président qui était revenu un an avant que je signe là-bas avait changé de nom car le club avait beaucoup de dettes. On est donc passé de Waterford United à Waterford FC.

Et il faut savoir que pour participer à une compétition européenne il faut que le club ait au moins trois ans. Donc si tu changes le nom l’année d’avant et que tu te qualifies pour l’Europe l’année suivante, tu ne pourras pas y aller. Personne ne s’attendait à ça et quand on a su qu’on était pas qualifié, ça nous a donné un coup au moral. Après Linfield est venu aux renseignements, j’ai réussi à aller là-bas et à atteindre les objectifs que j’avais avant d’arriver en Irlande : jouer des matchs européens.

Avant de passer à ta période nord-irlandaise, comment parlerais-tu du championnat d’Irlande après deux saisons en son sein ?

C’est un très bon championnat. Ça joue au ballon. Footballistiquement, je pense que c’est un championnat qui n’est pas assez vu ni reconnu. Il y a plein de jeunes joueurs français qui pourraient venir ici et vraiment prendre plaisir parce qu’ici on va dire que c’est un bon pont pour aller en Angleterre, il y a plein de joueurs irlandais qui arrivent à aller en Angleterre et franchement c’est dommage parce que s’il y avait plus de joueurs européens, même pas que français, le championnat pourrait avoir un encore meilleur niveau qu’actuellement.

Il n’y a eu que quelques jours entre ton départ de Waterford et ton arrivée à Linfield, comment as-tu vécu cette transition aussi soudaine ?

Franchement ça s’est fait très rapidement. En gros, le directeur-manager qui m’avait signé à Waterford est à Linfield maintenant et quand il a vu que Waterford n’allait pas jouer les barrages d’Europa League, il m’a appelé. Je lui ai dit que ça m’intéressait beaucoup et que c’était pour ça que j’étais venu en Irlande. Après les clubs sont tombés sur un accord et je suis parti.

Et quelles sensations as-tu ressenti lors de tes premiers matchs européens après toutes ces années d’attente ?

Franchement c’était excellent. En plus on a fait une très bonne prestation européenne, on a perdu le tour juste avant les poules contre Qarabag (Azerbaïdjan). C’était un coup au mental mais franchement c’était des souvenirs incroyables.

Malgré la défaite initiale contre le Legia, penses-tu que Linfield fera mieux que l’an dernier et réussira à se qualifier pour les phases de poules d’Europa League ?

On va tout donner pour le faire mais après on sait jamais. Surtout que cette saison c’est un match à cause du coronavirus donc quand le match est là, tu dois tout donner. Alors que quand il y a une confrontation aller-retour, le coach peut avoir différentes approches selon si on joue à l’extérieur ou à domicile. Cette année, il faut vraiment trouver la bonne approche pour gagner le match unique.

Mais ça va être compliqué. Là on a perdu contre le Legia donc on passe au deuxième tour d’Europa League, on attend le tirage et on verra bien mais en tout cas faut qu’on soit prêts pour gagner. On veut aller le plus loin possible surtout que le championnat ne reprend pas avant un moment. On a que ça à jouer donc faut se donner à 100% sur cette compétition.

Pour passer à l’Irlande du Nord, comment est vu Linfield et son palmarès impressionnant à l’échelle nationale ?

A l’échelle de l’Irlande du Nord, c’est le plus grand club, le titre qu’on a gagné la saison dernière c’était le 54ème. C’est quelque chose de vraiment énorme de gagner 54 fois le championnat c’est quelque chose d’incroyable, représenter un club comme ça c’est énorme.

Il y a une certaine rivalité avec le voisin de Glentoran quelle est l’importance de ce derby de Belfast pour le club et les supporters ?

Franchement c’est incroyable, les joueurs m’en parlaient beaucoup et quand on est arrivé au Boxing Day c’est un match où il faut gagner, tu n’as pas le droit de perdre. C’est comme un PSG-Marseille, un City-United, Arsenal-Chelsea, des matchs comme ça.

Récemment une rumeur est sortie, parlant de la fusion du championnat irlandais et nord-irlandais, toi qui connais les deux championnats, de quel œil verrais-tu cette fusion ?

Je pense que ça serait une très bonne chose à faire pour toute l’Irlande en fait, pour l’Irlande du Nord et la République d’Irlande parce que si les deux championnats se combinent, on aurait déjà plus de visibilité sur le plan européen. On aurait aussi plus de challenge parce que là, on a un championnat à 12 où l’on se rencontre tous trois fois et l’Irlande joue à 10 et les équipes se rencontrent aussi trois fois chacune. Si on met tout le monde ensemble on pourrait juste jouer 2 fois chacun comme en Angleterre ou en France et franchement cela représenterait une belle valorisation sur les clubs.

Penses-tu que ça se fera ou y aura-t-il les mêmes problèmes que pour la fusion entre la Belgique et les Pays-bas par exemple ?

Le problème avec les deux pays, c’est les spots européens. L’Europe ça rapporte de l’argent aux clubs et les deux pays s’ils fusionnent ils vont perdre des places. Actuellement, il y a quatre places pour chacun donc en cas de fusion, ils perdraient quatre spots. S’ils font un championnat de 20 équipes, il y a aura que quatre places alors qu’il y en a huit actuellement sur toute l’Irlande. Mais bon c’est faisable et je pense que ça serait une très bonne chose.

Récemment, tu es devenu international malgache, peux-tu nous parler de cette nouvelle étape dans ta carrière ?

Pour l’instant je n’ai pas eu l’occasion d’y aller. J’avais été appelé mais après il y a eu le coronavirus donc je n’ai pas réussi à brasser mon premier match, ma première sélection, mais j’espère que ça se représentera.

Est ce depuis le championnat peu médiatisé qu’est celui d’Irlande du Nord, arrives-tu à être vu par ton sélectionneur ?

Oui, vers janvier, j’ai eu l’occasion de parler avec lui, le capitaine m’a parlé aussi. J’ai aussi échangé avec un joueur que j’avais vu plusieurs fois à la Réunion. Le sélectionneur m’a aussi envoyé un message il y a pas longtemps avec le prochain match qui arrive en novembre donc je vais tout donner pour être appelé.

Quelle est ta situation contractuelle actuelle avec Linfield et qu’envisages-tu pour la suite ?

Je suis en fin de contrat en 2021. C’est ma dernière saison de contrat là. Pour l’instant je me concentre vraiment sur cette saison avec le corona et tout le reste, c’est compliqué. Je vais déjà me focaliser sur les matchs européens du moment. Le championnat va reprendre normalement en Octobre et j’ai encore envie de le gagner. Je suis venu à Linfield pour gagner un titre, j’ai réussi mais j’ai envie de le refaire encore. Mon objectif est là et aussi pourquoi pas repartir en équipe nationale.

Pour terminer et rebondir sur la COVID-19, comment as-tu vécu cette fin de saison spéciale entre l’arrêt du football et ce titre acquis à la maison ?

C’était une période compliquée. Au début, on pensait qu’on allait reprendre le chemin de l’entraînement la semaine d’après et puis la semaine d’encore après. Et au final on est resté trois mois et demi à s’entretenir et à s’entraîner en pensant que tu allais reprendre la semaine d’après. Tu t’entraînes non stop sans trop savoir ce qu’il va se passer. Tu as envie de te reposer tout en te disant que ce n’est pas vraiment une très bonne idée en cas de reprise rapide donc franchement c’était vraiment compliqué.

Après une saison 2019-2020 un peu spéciale mais marquée par un titre de champion avec Linfield, Bastien Héry a retrouvé les terrains avec son club pour les qualifications européennes.

Toute l’équipe de PKFoot le remercie pour sa disponibilité et lui souhaite une excellente saison du côté du Windsor Park de Belfast ! N’hésitez pas à le suivre sur son Instagram : bastien_hery ou celui de son club : Linfield FC !