AvideceWopyBalab

L’équipe Rhoban du laboratoire de robotique de Bordeaux vient de gagner une compétition qui mélange football et robotique au Japon.

Vous savez ce qu’il y a de mieux que des robots contre des catcheurs ? Des robots qui jouent au foot. La dernière édition de la RoboCupSoccer avait lieu fin juillet à Nagoya (Japon). Après des disciplines cérébrales comme les échecs ou le jeu de Go, le sport collectif offre en effet de nouvelles perspectives pour repousser les limites de l’intelligence artificielle et travailler sur la motricité des robots.

La RoboCup cache en réalité plusieurs compétitions car elle comprend 8 ligues différentes en fonction de la taille et du type de robots. Derrière l’aspect ludique, l’objectif est de faire progresser la robotique au cours d’épreuves qui concernent aussi bien le football que la santé, l’industrie, ou les robots d’assistance dans la vie quotidienne… Mais on se doute bien chez PKFoot que vous voulez surtout savoir qui a remporté cette compétition footballistique.

Figurez-vous que dans la catégorie « humanoïde kids size« , les doubles tenants du titre sont des Français, l’équipe Rhoban de Bordeaux. Cette équipe a survolé la compétition en marquant 41 buts et en encaissant que deux pions sur des CSC (les robots ont eu du mal à se situer en début d’épreuve et se sont trompés de but). En finale, comme les autres adversaires internationaux, l’équipe chinoise des ZJU Dancers a subi le même tarif que les Pays-Bas contre la France (4-0). Pour eux, la prochaine étape serait d’accueillir la RoboCup en 2020.


Interview d’Olivier Ly, enseignant-chercheur et directeur de l’équipe de robotique du laboratoire de recherche en informatique de l’université de Bordeaux.

Quelles sont les principales caractéristiques et règles de votre catégorie à la RoboCup ?
Olivier Ly : Nous devons concevoir les robots de A à Z. On achète que les moteurs, tout le reste du robot est conçu par nous. Les quatre robots sont totalement autonomes sur le terrain (6x9m). Par exemple, si un robot tombe, il doit se relever tout seul. Le match dure deux fois dix minutes.

Tout se joue donc à la programmation ou vous pouvez intervenir pendant le match ?
OL : Tout se joue à la programmation. On n’intervient que pour réparer si besoin en demandant un temps mort.

Y a t il des robots défenseurs ou buteurs par exemple? Ont-ils tous la même IA donc le même niveau ?
OL : On a un robot goal qui a des caractéristiques un peu spéciales, les autres peuvent être défenseurs ou buteurs, suivant la stratégie choisie par les robots.

Y-a-t-il des erreurs de joueurs ou d’arbitrage ?
OL : Oui ! Bien sûr ! Par exemple, les robots ne savent se localiser qu’approximativement. Pire, le terrain étant totalement symétrique, les robots peuvent tout à fait se tromper se sens… Cela nous est arrivé … Des erreurs d’arbitrage aussi, l’arbitre peut siffler une attaque illégale par exemple (une simplification du hors jeu) alors qu’il n’y en a pas.

Et de la tactique ?
OL : La tactique est assez élémentaire pour le moment car dans la ligue humanoïde, on a déjà fort à faire avec la motricité. En revanche, les ligues de robot à roue, qui simplifient la motricité du coup, mettent en oeuvre des tactiques très sophistiquées.

Racontez-nous votre parcours dans cette RoboCup ? Vous étiez les tenants du titre et en quoi étiez-vous plus forts que vos adversaires ?
OL : C’était notre sixième participation. Nous avons déjà gagné en 2016, mais au pénaltys… Cette année, nous avions de l’avance sur nos compétiteurs (principalement Japon et Chine) : dans la robustesse de la motricité (nos robots sont plutôt stables par rapport aux autres), grâce à des capteurs de pression que nous avons conçu et qui simulent une sorte de voûte plantaire, ce qui donne aux robots une sensation tactile du sol et facilite leur équilibrage. Nous avions aussi un début de jeu d’équipe tactique, avec des débuts de passes…

Présentez-nous votre laboratoire, quel est son objectif ?
OL : Le laboratoire de recherche en informatique de l’université de Bordeaux s’occupe de motricité bipède (avec des applications médicales, notamment des technologies d’orthèse), et d’intelligence artificielle (technique d’apprentissage typiquement). Le challenge nous sert donc à pousser les limites de la motricité robotique, en particulier des robots bipèdes, à des fins industrielles ou thérapeutique.