AvideceWopyBalab

Quand a été publiée la biographie de Cruyff par Chérif Ghemmour en octobre 2015, on apprenait dans le même temps le cancer du joueur néerlandais. Un an plus tard et six mois après son décès, le triple Ballon d’Or (1971, 1973, 1974) se raconte lui-même dans une autobiographie émouvante et passionnante intitulée Mémoires (Solar).

A part peut-être si Michel Platini se décide un jour à prendre la plume, il est difficile d’imaginer qu’une autobiographie de footballeur puisse un jour égaler celle de Cruyff tant on y lit son amour pour le jeu, son intelligence tactique, et que son après carrière a été tout aussi incroyable que ses prestations sur le terrain. Qui plus est, le caractère et l’égo du Néerlandais lui confèrent une aura incroyable qui ne peut pas laisser indifférent.

En 27 courts chapitres, Johan Cruyff décrit son parcours, ses relations avec ses entraîneurs et ses coéquipiers, ses succès, ses erreurs, ses relations familiales… Il balaie ainsi l’intégralité de sa carrière. L’attaquant se souvient ainsi de la naissance de son fils, Jordi, avancée d’une semaine pour lui permettre de participer au choc contre le Real Madrid (victoire 5-0 en 1974). Il évoque l’agression et la tentative d’enlèvement à son domicile qui l’ont dissuadé de participer au Mondial 78 et qui a profondément marqué sa famille. Ses échecs dans les affaires (élevage de cochons), son aventure américaine, son amour pour l’Ajax et ses sentiments de trahison quand il a dû quitter le club, sa fondation… chaque chapitre se lit comme le nouvel épisode d’une série où l’on est toujours curieux de savoir la suite. Johan Cruyff est passionnant quand il parle de football, émouvant quand il livre ses sentiments et sa vie personnelle. Voici quelques citations pour résumer l’esprit de cette autobiographie incontournable.

Cruyff par Johan : l'autobiographie captivante

Vexé en quittant l’Ajax pour Barcelone : « Le pire, ça a été que l’Ajax a attribué une moins bonne place à ma mère dans le stade, elle qui n’avait pas ménagé ses efforts pour le club. Derrière un poteau, par dessus le marché ! En fait, c’est ce qui m’a le plus blessé ».

Le football total : « A part la qualité des joueurs, le football total est surtout une question de distances et de mètres. C’est la base de toute la réflexion tactique de ce type de jeu. (…) Une autre chose est essentielle : l’interdépendance. Impossible de faire le pressing tout seul. (…). Il faut toujours avoir une vision d’ensemble et ne pas perdre le ballon des yeux ».

Proposer du spectacle : « Le football, pour moi, c’est de l’émotion. Je ne suis pas là pour empêcher l’équipe adverse de jouer, au contraire. Je ne veux pas m’ennuyer sur le banc. En tant qu’entraîneur, je veux me régaler et tendre vers un football parfait. Alors, les résultats viennent d’eux-mêmes ».

Il a failli être sélectionneur pour la Coupe du monde 90 : « Je m’attendais à être engagé. Tout le monde savait que les joueurs et moi étions partants. On voulait réunir nos forces et devenir enfin champions du monde. Rinus Michels en avait décidé autrement… »

Son fils, Jordi : « J’étais très ému lorsque Jordi a marqué le premier but durant le match contre la Suisse (Euro 96). A ce moment-là, en un éclair, tout le passé m’est revenu en mémoire : les vexations, les médisances, la tristesse et puis ici, sur le terrain, la preuve que Jordi ne s’était pas laissé abattre. J’étais extrêmement fier de lui ».

Cruyff par Johan : l'autobiographie captivante

Le XI de Cruyff

Chacun des joueurs possède la technique, l’intelligence et surtout le talent (…) Il faut savoir lire le jeu pour garder les lignes rapprochées, posséder une bonne technique pour faire travailler efficacement le ballon et du talent pour terminer le boulot. Donc rien ne sert de trop courir, il faut bien regarder et jouer.
Johan Cruyff