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Dans une étude menée conjointement, les scientifiques Lara Yaldo et Lior Shamir de l’université de Mishigan se sont attelés à déterminer si les joueurs des différents championnats européens étaient surpayés ou au contraire sous-rémunérés selon leurs qualités footballistiques intrinsèques. Les résultats sont parfois déroutants.

Pour mener à bien cette étude, les deux scientifiques ont compilé les salaires de 6082 joueurs évoluant en Europe, qu’ils ont comparés par le biais d’un algorithme à 55 attributs censés refléter le plus fidèlement possible la valeur des joueurs (qualité de passe, capacité à tacler, jeu de tête, puissance, etc…) Le type de statistique disponible sur Football Manager. Résultat, Lionel Messi et Cristiano Ronaldo mériteraient les salaires les plus élevées au vu de leurs capacités. Suivent dans l’ordre Suarez, Neymar, De Gea et Ozil. Surprenant pour ce dernier si l’on considère ses prestations en dent de scie au cours des dernières années. Mais l’étude ne prend en compte, on le rappelle, que les qualités intrinsèques de l’allemand, indéniablement élevées.

Seulement, Lara Yaldo et Lior Shamir démontrent que ces joueurs sont « trop » rémunérés. Messi devrait par exemple toucher 235 000 € par semaine, soit moitié moins que ses émoluments actuels. Dans le classement des joueurs trop grassement payés figurent, après l’argentin, dans l’ordre, Di Maria, Van Persie, Rakitic et Otamendi. (ndlr : Les championnats non européens ne sont pas concernés par l’étude. Carlos Tevez, avec ses 38 M de revenu par an au Shengai Shenhua, aurait certainement figuré en tête de ce classement). Au contraire, certains joueurs sont sous-payés, au rang desquels Bernardo Silva, Harry Kane, Granit Xhaka, Timo Horn et Pablo Alcacer.

Le Calcio rémunère plus facilement les tacleurs confirmés

Mais cette étude va plus loin. Elle démontre que les joueurs ayant le plus de « force » (critère que l’on pourra qualifier d’ambigüe) ont des rémunérations supérieures aux joueurs agiles, dotés d’une forte accélération, rapides et performants au marquage. Cependant, et là est l’apport majeur de cette étude, ce constat varie selon les championnats. En Bundesliga, les joueurs adroits dans l’exercice du penalty et dotés d’une bonne vision du jeu sont plus valorisés. Les clubs français et anglais accordent eux beaucoup d’importance à la qualité du pied fort. Etonnant. En Liga, les joueurs adroits pour réaliser une reprise de volée ont le vent en poupe. Enfin, le Calcio a tendance à rémunérer les spécialistes du tacle glissé, ça ne s’invente pas.

L’étude conclut sur une question cruciale pour les clubs aujourd’hui : les écarts salariaux au sein d’un effectif. Le constat est sans appel. Les performances des joueurs sont affectées par des différences trop élevées et parfois injustes. Pour y parer, les deux scientifiques proposent une méthode quantitative à l’instar de leur algorithme pour déterminer la grille salariale, favorisant ainsi l’équité au sein de l’effectif.

Même si cette étude offre des clefs de compréhension intéressantes, elle n’intègre pas la dimension marketing de certains joueurs qui influe pourtant bel et bien (et souvent beaucoup) sur leurs revenus.