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Cette semaine, nous avons profité du retour du football espagnol pour regarder le derby de Séville, et le match entre le Real Madrid et Eibar.

La Liga des Talents

Match observé : FC Séville 2-0 Bétis

Sur le papier, les équipes affichaient un 4-3-3 assez similaire. Dans l’application, on n’était loin d’avoir la même chose d’un côté et de l’autre. Dès l’entame du match, le Bétis souffre, et se montre incapable de ressortir du pressing adverse. On joue à peine la 6e minute de jeu que les visiteurs ont déjà balancé 5 longs ballons à l’aveuglette, pour éviter de le perdre dans une zone dangereuse. Le contraste est saisissant avec le FC Séville, qui trouve des joueurs partout sur le terrain pour jouer en passes courtes, entrecoupées de transversales pour renverser le jeu. L’animation des ailes est très bonne : la formation de Lopetegui profite de latéraux (Reguilon et Navas) à l’aise techniquement pour contrôler des longs ballons, et de la précision de Jordan dans le jeu long (on lui pardonne presque pour l’horreur qu’il fait en début de seconde période, sur un caviar de Navas). Les situations de centre se créent, à défaut de se voir concrétiser par de grosses occasions.

Le match ne restera pas à sens unique pour autant, et redeviendra plus équilibré. Le Bétis parvient à ressortir la tête de l’eau en étirant un peu son bloc, forçant ainsi son adversaire à laisser des espaces exploitables. Deux joueurs sortent du lot : Alena parvient à se sortir de la pression adverse et à distribuer un peu le jeu, tandis que Fekir, par sa protection de balle et sa faculté à obtenir des fautes, fait remonter le bloc… mais reste très loin de zone où il peut faire mal, ce qui est frustrant pour nous qui connaissons le joueur. Cela reste donc globalement insuffisant : en pointe, Iglesias (remplacé ensuite par Loren) manque d’inspiration sur les rares ballons qu’on lui donne, tandis que Tello joue complètement à contre-temps, tentant de passer en dribble quand il faut lâcher la balle, ou de frapper quand il faut écarter le jeu… Signe que le Bétis est inoffensif : Vaclick n’a pas eu un seul arrêt difficile à réaliser. L’entrée en jeu de Lainez, déroutant avec ses appuis insolites, amènera un peu plus de vie, et on regrette de ne pas l’avoir vu avant… si tant est qu’il puisse répéter ces tentatives incessantes de dribble sur 90 minutes. Pour Joaquin, on espère également le voir un peu plus, puisqu’il signe aussi une entrée intéressante.

De l’autre côté, l’utilisation des ailes a permis à plusieurs joueurs de briller. Dans les petites combinaisons ou dans ses appels, Reguilon a été actif, tout comme Munir, son compère à gauche, qui a parfois fait danser son adversaire direct. Si Navas a été un peu plus discret, Ocampos a été l’homme du match. Outre son but sur penalty, et sa passe décisive en Madjer, l’Argentin a brillé par son activité : il était partout jusqu’à sa sortie, se battant sur chaque ballon. C’est d’ailleurs lui qui allume la première mèche avec sa frappe sur la barre en début de match. Son match rappelle qu’un peu de hargne sublimera toujours le niveau d’un joueur, y compris dans le secteur offensif. Si Iglesias (puis Loren) passe à côté, c’est surtout l’oeuvre du duo Koundé-Diego Carlos, eux aussi anciens pensionnaires de Ligue 1. Comme quoi, notre championnat est peut-être bien la Ligue des Talents. A condition de savoir les exploiter correctement.

Les papys font  de la résistance

Match observé : Real Madrid 3-1 Eibar

Il y a de belles choses à dire sur ce match, notamment l’association Hazard-Benzema de plus en plus fonctionnelle. Mais on va parler d’autre chose, puisqu’on l’a déjà dit par le passé : Kroos et Modric ont perdu énormément en vivacité depuis quelques mois, au point qu’on s’est demandé si le trio avec Casemiro, à la base des victoires en Ligue des champions, avait encore de l’avenir. Si la réponse reste probablement négative, puisque le Croate n’est pas à l’abri des années qui passent, il a donné satisfaction face à Eibar, avec des jambes retrouvées suite à ce confinement. Certes, ce n’était pas un adversaire parmi l’élite espagnole, mais l’impression globale a été vraiment bonne en première période, avant que cela ne s’essouffle un peu.

En phase de relance, Kroos en première période, puis Casemiro en seconde, étaient en pointe basse du milieu, pour donner une solution à Ramos et Varane. Les deux ont parfois poussé le vice en s’insérant entre les 2 centraux, histoire d’inviter un peu plus les joueurs adverses à presser, et ainsi créer des espaces dans la profondeur. Sans ballon, on a pu identifier un comportement différent : lorsqu’Eibar essayait de relancer court, le Real était en 4-1-4-1 avec Benzema qui coupe une ligne adverse, Hazard et Rodrygo qui descendent d’un cran sur le couloir, mais surtout Kroos et Modric, aux jambes retrouvées, qui impriment un pressing agressif. Casemiro était en pointe basse pour couvrir le tout, et s’il a fait quelques maladresses balle aux pieds, il a rempli bien son rôle. Lorsque la volonté du gardien adverse était clairement de jouer long, les milieux descendaient évidemment plus bas, pour aider la défense.

Buteur, actif dans le jeu, se baladant même parfois sur l’aile gauche pour permettre à Marcelo d’attaquer le demi-espace (et même de marquer), Kroos signe une jolie prestation, qui fait espérer un retour à son meilleur niveau, à condition bien sûr de confirmer. Modric a lui réalisé de jolis dribbles, faisant danser ses adversaires par ses feintes de corps toujours déroutantes. Le Ballon d’or 2018 a toujours eu ce talent, et il est logiquement plus facile à exprimer quand il est en forme. En espérant pour Zidane que ce retour en forme se confirme jusqu’à la fin de la saison, et que leur utilisation ne soit pas abusive, puisque Valverde est encore là et peut faire souffler. Bien que décrié, le trio Casemiro-Modric-Kroos a encore quelques belles choses à nous offrir, avant qu’une page historique ne se tourne.